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Compte-rendu + commentaires sur la manifestation du 24.07.02

Compte-rendu de la manifestation du jeudi 25 juillet 2002, suivi de quelques réflexions personnelles des auteur-e-s.

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30.Nov.99 - La manifestation du 24 juillet 2002 contre les centres de rétention s'est d'abord déroulée de manière harmonieuse et fluide, al liant ambiance festive et colorée au rythme de la samba et actions plus directes.

Aux abords de la place de la république, la présence policiè ;re s'est subitement faite ressentir et n'a pas tardé à s'exprimer. Sur cett e même place, face à la première interpellation, le cortège, parta gé entre le désir de secourir l'arrêté-e et celui de préserver le groupe entier, a choisi la non-confrontation et a poursuivi sa route. La première charge, menée par une dizaine de CRS à peine, a été lanc&eac ute;e, provoquant une certaine panique au sein des manifestant-e-s, rapidement contenue par la formation d'un bloc compact. La tactique policière semble avoir ét é de nous diriger vers le centre de la ville, afin de nous confiner dans un espace restreint et de nous diviser dans les nombreuses petites rues.

Ceci s'est avéré être un véritable guêt-apens. Une grosse partie du cortège s'est trouvée séparée du groupe de samba, et poussée par des attaques régulières aux lacrymogènes dans une petite rue. C ette rue a été immédiatememt encadrée à ses deux extr&ea cute;mités par des cordons de CRS armés de flashball. Le cortège était pris au piège. Se sont alors produites plusieurs arrestations, dans la rue, mais aussi dans des commerces ou s'étaient réfugié-e-s des manifestant-e-s. Les tentatives pour venir en aide aux interpelé-e-s, se faisant matraquer et gazer au sol, ont été systématiquement repoussées par des tir s de flashball, à bout portant. Le cortège s'est doucement reculé dans une ruelle adjacente, pour se soustraire à la pression policière. Des CRS et des policiers de la BAC ont continué a matraquer et gazer les personnes &agra ve; leur portée, ne leur laissant que très peu de temps pour ramasser un blessé à terre.

Après cette première épreuve de force, les manifestant-e-s paniqué-e-s se sont regroupé-e-s et dirigé-e-s vers la cathédrale, pens ant stopper la violence policière grâce à la présence de touriste s, qui avaient pour beaucoup déserté le centre ville (sans doute largement invit&eacut e;s par les forces de l'ordre à le faire). Peur d'éventuels temoins ? Le reste du cortège a subi une charge sur la place de la cathedrale. Des négociations se sont engagées pour désamorcer toute autre c harge avec des slogans comme "no violence", "we are peaceful, what are you ?". L'alternative etait claire : soit nous rentrions au camp, soit nous aurions a subir de nouvelles violences et de nouveaux assauts. Le choix ne fut pas long a faire, nous avions deja parmi nous un blessé et de nombreuses personnes avaient été arrêtées.

Le retour fut long et pénible. Afin d'éviter toute nouvelle arrestation et passage à tabac, les manifestant-e-s ont formé des chaînes compactes et ont avancé très lentement. Ce qui n'a p ourtant pas empêché de nouvelles violences et abus policiers. Trois d'entre eux se sont immiscés à l'intérieur du cortège, gazant tout- e-s les manifestant-e-s qui se trouvaient sur leur passage, et tirant à bout portant au flashball sur des personnes qui tentaient de refluer. De nombreuses personnes ont été gazées, certaines extrêm ement choquées par ce qui se passait. Deux personnes furent assez gravement blessées au flashball (une à l'aine, l'autre au tibias), à tel point qu'il nou s a fallu évacuer l'une d'entre elles. A peine l'ambulance partie, les coups ont repris, forçant le cortège à reprendre sa marche vers l e camp. Les CRS, qui encadraient le cortège de très pres, à moins de de ux metres et en jouant de la matraque, ont fait preuve d'un grand mépris et d'une extrême arrogance, lachant des phrases comme "vous puez la merde", "avancez plus vite, bande de moutons". Des renforts venus du camp nous ont rejoint-e-s sur la fin du parcours, ce qui ne donna pas lieu à de nouveaux incidents.

Cette journée de répression policière a donc été d'une violence inouie, et a debouché sur un arrêté préfectoral interdisant toute manifestation du reseau No Border.

* * *

Nous avons tenu à écrire un compte-rendu sur cette manifestation, pour exprimer notre extrème colère et indignation face à la r&ea cute;pression policière subie et denoncer la récuperation médiatique et & eacute;tatique qui en a été faite les jours suivants. Cette démonstration de f orce est à nos yeux représentative du climat sécuritaire imposé en Fra nce depuis les dernières élections et qui vise a étouffer et criminali ser toute velléité de remise en cause du système.

La manipulation de masse orchestrée par les médias bourgeois et le s forces de répression tend a endormir politiquement les "honnêtes citoyens", qui sans doute prefèrent vivre dans une ville "propre" et "securisée" que de prendre en compte la réalité du syst&egr ave;me qui les entoure. La diabolisation de toute forme de contestation, la sécurit&eacu te; que procure la ligne toute tracée par "l'état providence" est &eac ute;videmment plus facile à ingérer que la véritable réflexion, qu i peut provoquer des désillusions difficiles à assumer. N'avons-nous pas un rôle important à jouer à ce niveau, en terme de communication et de visibilisation de nos idées ? Les actions directes et les atteintes aux biens matériels, protegés par la police du capital, sont bien-sûr nécessaires et ne sont pas à remettre en cause selon nous. Mais il nous faut peut-être met tre en oeuvre un veritable travail d'explication pour une meilleure compréhension et pour contrebalancer l'écho qu'en font les medias bourgeois. La lutte engagée ne pourra se solder par un succes que si nous combinons les différentes tactiques. En attendant, les attaques doivent se poursuivre, car si la plupart des gens méconnaissent nos objectifs, les groupes et organisations auxquels nous nous attaquons les comprennent parfaitement. La preuve en est cet arrêté préfec toral... La volonté de communication que nous voulons mettre en avant ne tend pas a transformer la lutte en une parodie marketing, démagogique et état ique a l'image du groupe Attac, qui sans doute ne fait plus partie de la même planète. Nous refusons de nous vendre au système en place et de présenter une image politiquement correcte, mais pour élargir les rangs et l'audience de nos idées nous nous devons de les faire comprendre.

[bo.+sh.]