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international bordercamp strasbourg

source: Dernières Nouvelles d’Alsace

Strasbourg: Trois mois ferme pour le militant No Border

22.Aug.02 - Le 26 juillet dernier, le tribunal correctionnel lui avait accordé un délai pour lui permettre de préparer sa défense et avait ordonné son placement en détention provisoire (DNA du 27 juillet). Hier, le militant du collectif "No Border" ("Non aux frontières"), soupçonné d'avoir fracturé la main d'un policier lors de la manifestation du 24 juillet, a été jugé hier.

14 h 40. Le prévenu entre dans la salle d'audience. Il adresse un sourire à ses copains venus le soutenir à l'occasion de son procès. Le jeune homme, âgé de 25 ans, est jugé en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Strasbourg. Il est soupçonné d'avoir frappé un policier et d'en avoir insulté un autre.  Le mercredi 24 juillet, 700 militants du collectif "No Border" ("Non aux frontières") manifestent au centre de Strasbourg. Sur le parcours du cortège, certains taggent des slogans sur les bâtiments publics.  Place de la République, l'ambiance se dégrade. Les forces de l'ordre tirent des gaz lacrymogènes. Dans la cohue, deux militants frappent un capitaine de police à l'aide d'un bâton. Le coup occasionnera au fonctionnaire une fracture de la main et une incapacité de travail de dix jours.  Quelques instants plus tard, toujours place de la République, c'est au tour d'un commissaire de police d'être pris à partie. Lui n'est pas violenté, mais abreuvé d'injures.

Quel T-shirt ?

 Les deux fonctionnaires identifient le même homme, qui aurait donc frappé un policier avant d'en insulter un autre. Le militant en question est interpellé boulevard de la Victoire.  Cet homme, les deux policiers le répètent à la barre du tribunal, c'est celui qui est assis sur le banc des accusés , et qui ne cesse de clamer son innocence. En interrogeant les fonctionnaires et en citant cinq témoins, la défense va s'attacher à traquer les imperfections du dossier.  Lors de son interpellation, le prévenu portait un T-shirt rayé bleu et blanc. Pourtant, le gardien de la paix qui se trouvait à côté du capitaine agressé a décrit un homme revêtu d'un T-shirt noir. Le jeune homme s'est-il changé pendant la manifestation ? Non, assure-t-il. Sûrement pas, disent trois des témoins - amis plus ou moins proches du jeune homme, ils se trouvaient à ses côtés dans le cortège.  Selon le commissaire insulté, le prévenu portait des gants blancs. Était-il possible qu'il en porte ? "En plein mois de juillet ?" Tous les témoins trouvent la question cocasse, sauf le dernier. Il explique que le jeune militant était comme lui membre de l'équipe médicale des No Border. Place de la République, ils soignaient les personnes atteintes par le gaz lacrymogène. Dans leur nécessaire de secours, ils disposaient de gants en latex...blancs.

Formellement identifié

 De toute façon, pour le vice-procureur Philippe Vannier, les faits sont parfaitement établis par les déclarations réitérées de deux policiers expérimentés, qui ont formellement reconnu leur agresseur. "Que voulez-vous de plus ? demande le magistrat. [Ce monsieur] n'est pas là par erreur, comme il le laisse entendre." Il requiert huit mois de prison ferme à l'encontre du prévenu, coupable selon lui de faits "très graves".  Pour la défense, Me Frédéric Massiot ne décolère pas : "Je souhaiterais qu'on ramène ce procès à la dimension du procès de [mon client], ni plus, ni moins." Ancien porte-parole d'un mouvement pacifiste, le jeune homme a reçu de nombreux témoignages attestant de sa bonne moralité : "Ce n'est pas le "sauvageon" que l'on nous décrit. On nous parle de faits limpides, de certitudes... de qui se moque-t-on ?". L'avocat plaide la relaxe.  Le tribunal reconnaît finalement le prévenu coupable de violence et d'outrage contre des policiers, et le condamne à huit mois de prison, dont cinq avec sursis. Il devra en outre payer 457 € pour les frais d'expertise médicale et 380 € pour les frais de procédure du capitaine de police blessé, ainsi que 350 € de dommages et intérêts au commissaire insulté. Il est 17 h 40 et le jeune militant ne sourit plus.

Florian Haby